Gustav Klimt


 

A l’aube du vingtième siècle, Gustav Klimt (1862-1918) s’est imposé à la tête de la Sécession viennoise, un courant qui aspirait à régénérer l’art en profondeur. Célébré autant que contesté, Klimt a ouvert la voie vers la peinture moderne. A défaut de voir de vrais tableaux de l’artiste, la magie de l’immersion et de la technologie de la réalité virtuelle (1) fait découvrir ou redécouvrir l’art complet de Gustav Klimt.

Les trois âges de la femme. Klimt 1905

Gustav Klimt et la Sécession viennoise

« A chaque époque son art.
A l’Art sa liberté
»

 

 

La Wiener Sezession, c’est la séparation d’avec l’académisme, c’est l’Art nouveau autrichien, fondé le 3 avril 1897 par Gustav Klimt et 18 autres artistes. Sous l’influence de Richard Wagner, ce sera un Art Total : peinture (Egon Schiele, élève de Klimt, Oskar Kokoschka), sculpture, architecture (Otto Wagner, Adolf Loos), musique (Gustav Mahler, Arnold Schönberg), poésie (Rilke).

De 1901 à 1909, le peintre viennois Gustav Klimt atteint le sommet de son art, lors de sa « Période Dorée » : ses toiles peintes à la feuille d’or s’inspirent des mosaïques byzantines de Ravenne, pour évoquer une atmosphère « fin de siècle » (Max Nordau).

Il aime le thème de la Femme Fatale, dominatrice, castratrice, qu’il exalte avec Judith (1901) tenant la tête coupée d’Holopherne, et triomphant la bouche ouverte : la femme fatale montre les dents… Puis, c’est Salomé (1909), danseuse orientale, qui pose devant la tête de Jean-Baptiste.

En 1907, il peint Adèle Bloch-Bauer, la Joconde autrichienne, une icône byzantine, qui fait revivre l’impératrice Theodora de Ravenne.

Le baiser  Klimt (1907-1908)

L’œuvre la plus connue de Klimt, c’est Le Baiser (Der Kuss,1908). Les amants sont enveloppés chacun dans une cape dorée : celle de l’homme est décorée de rectangles noirs et blancs, à angles vifs et pénétrants ; celle de la femme, qui a les yeux fermés, est ornée de fleurs et de ronds colorés. Ils s’isolent, ils sont seuls au monde, ils s’embrassent sur un parterre fleuri, cerné par le vide : l’étreinte au bord du gouffre. Il n’y a que l’amour qui compte…

Ses portraits de femmes, de grandes dimensions, pleins d’élégance et de raffinement, de finesse et de précision dans les détails, sont des figures à la fois sensuelles et hiératiques.

 

 

 

La frise Beethoven Klimt

La Frise Beethoven (34 x 2 m.) est une fresque qui célèbre le compositeur et sa 9e symphonie, ainsi que l’aspiration au bonheur de l’humanité souffrante par la contemplation de l’art total. Des femmes ondoyantes vont demander à un chevalier doré wagnérien le chemin du bonheur, qui est semé d’obstacles : il doit vaincre le géant Typhée et les forces maléfiques (symbolique du serpent). Le bonheur surgit alors sous la forme allégorique du citharède Orphée. Béatitude finale : un chœur féminin entonne l’Hymne à la Joie.

Klimt a un style décoratif (il a décoré la chambre à coucher de Sissi) : pas de relief, pas de perspective, des aplats. Les allégories aux couleurs chatoyantes sont servies par la richesse des décors, le foisonnement ornemental, la profusion des détails. Mais, en 1905, la Sécession éclate, la guerre approche, une autre forme d’art doit l’exprimer : ce sera l’expressionnisme. Au bout de tout cela, le 28 juillet 1914 : « L’Apocalypse joyeuse » (Hermann Broch).

Informations Ouvrières, 10 mai 2015

Exposition Gustav Klimt, The Immersive Experience, à la Galerie Horta, (accès par la gare de Bruxelles-Centrale). Jusqu’à fin décembre.

 

 

 

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