Epiphanie… Sol Invictus


Epiphanie : L’utilisation du terme est antérieure au christianisme. Les « Épiphanes » sont, dans la culture grecque, les divinités qui apparaissent aux hommes, comme Zeus, Athéna, Hermès, Héra, Poséidon, Déméter, Héphaïstos, Aphrodite, Arès, Artémis, Hestia, Apollon…

À l’origine, l’Épiphanie fait partie du cycle solsticial de Noël et tire son fond et son sens des célébrations païennes de la Lumière. En effet, Noël, avant d’être un jour, est d’abord un cycle qui atteint son apogée au jour marquant le solstice d’hiver, le 22 décembre. Cette nuit du solstice — la plus longue de l’année — annonce le rallongement des jours et — par extension — la renaissance de la Lumière censée être à l’origine de toutes choses. Puis la célébration se prolonge après le 25 décembre durant un nombre de jours hautement symbolique : 12 jours et 12 nuits. Le nombre 12 représentant entre autres la Totalité (12 mois, 12 heures, 12 dieux olympiens, 12 tribus d’Israël, 12 apôtres, etc.) Le cycle prend donc fin le 6 janvier. C’est à ce moment que les jours commencent à s’allonger de façon sensible, que la promesse de la nuit solsticiale est tenue, et c’est cette date païenne que choisit le chrétien Épiphane de Salamine, dans son Panarion, comme date de naissance de Jésus, afin de réfuter une date concurrente proposée par la secte gnostique des Alogoi. On célèbre alors l’Épiphanie, la manifestation de la Lumière. Par sa forme ronde et sa couleur dorée, la galette symbolise le soleil. Il est à noter également que c’est ce jour (en tout cas son équivalent, car le calendrier alors en vigueur — le calendrier julien — diffère du nôtre) qu’avait lieu sous la Rome antique la fête des 12 Dieux épiphanes (autrement dit les 12 Olympiens).

La galette des rois, quant à elle, tire aussi son origine des Saturnales (fêtes romaines situées entre la fin du mois de décembre et le commencement de celui de janvier), durant lesquelles les Romains désignent un esclave comme « roi d’un jour ». Ces fêtes Saturnales favorisent en effet l’inversion des rôles. Le « roi d’un jour» dispose du pouvoir d’exaucer tous ses désirs pendant la journée (comme donner des ordres à son maître) avant de revenir à la vie servile. L’historien romain Tacite écrit que, dans les fêtes consacrées à Saturne, il est d’usage de tirer au sort la royauté. L’emploi de la fève remonte aux Grecs anciens qui en utilisent pour l’élection de leurs magistrats. Plus tard, plusieurs calvinistes, luthériens, tout comme certains catholiques se sont opposés à cette coutume païenne ; ainsi, les discours du chanoine de Senlis en 1664 reprochent le côté festif de la galette.

Fête italienne de la Befana. Pourvue de dons, la légende dit que la Befana passe dans chaque maison où vivent des enfants la nuit précédant l’Épiphanie (le 6 janvier). Ces derniers accrochent une chaussette non loin de la cheminée ou de la fenêtre. Pour ceux ayant été bons et gentils au long de l’année, la Befana, souvent décrite comme une vieille femme souriante volant sur son balai, dépose dans leur chaussette des caramels ou des chocolats, en revanche, pour ceux qui n’ont pas été gentils elle remplit les chaussettes de charbon (en réalité, il s’agit aujourd’hui de sucre noir comestible ou de la réglisse qui ressemble au charbon). La fête de la Befana dériverait de vieux éléments folkloriques antérieurs au christianisme. Une hypothèse suggérée est celle qui relie la Befana avec une fête romaine, qui se déroulait au début de l’année en l’honneur de Janus et de Strena et durant laquelle on s’échangeait des cadeaux. La tradition fut bien sûr récupérée et adaptée par la religion chrétienne.

Jean-Louis DUBOE