Un crime!


COMMUNIQUE DE PRESSE

L’étranger, c’est votre miroir qui le renvoie.” Léo Campion

Les drames dont nous recevons les images, les échos tous les jours font appel à notre conscience : ces destins sont ceux de l’Humanité.

Alors qu’il n’est pas une semaine, pas un seul jour, sans que ne périssent en Méditerranée, dans l’Océan Atlantique, en mer du Nord, au Sahara…, et dans la plus totale indifférence, des hommes, des femmes et des enfants, des mères, des pères, des sœurs, des frères, il faut un naufrage tel que celui qui vient de se dérouler au large de la Grèce pour que la presse daigne en faire l’écho (1).

Il faut qu’il y ait plusieurs centaines de morts d’un coup d’un seul, près de 700 sans doute cette fois-ci, pour que la question des réfugiés, que les gouvernements et la Commission européenne s’acharnent à appeler migrants revienne au centre de l’actualité… pour quelques jours sans doute. Combien faudra-t-il de morts demain ? 

Les images de ce navire de pêche, débris flottant, rempli jusqu’à la gueule de réfugiés fuyant la misère et la guerre montrent que la situation de ses malheureux était connue, que les avions et les bateaux de la tristement célèbre Frontex qui auraient pu, qui auraient dû les sauver les ont accompagnés jusqu’à leur mort sans intervenir. Elles racontent un crime : d’avoir laissé mourir en mer des vies innocentes.

Rien ne peut justifier cette action ou à tout le moins cette inaction criminelle. Rien ne peut justifier les politiques meurtrières de non-assistance en mer, mises en place par la Commission européenne (2), qui se produisent tous les jours en Méditerranée. Et surtout pas la peur de l’envahisseur agitée par tous les petits marchands de haine ordinaire et tripoteurs de l’histoire.

Voici dix ans, quand, au large de Lampedusa, avaient péri 366 personnes, l’Union européenne avait lancé l’opération de sauvetage « Mare nostrum » qui avait secouru plus de 150 000 personnes en moins d’un an. Depuis, la politique de l’Union Européenne consiste à criminaliser les ONG et le secours en mer, pourtant inscrit dans tous les textes internationaux fondamentaux, et à financer des États et/ou milices qui trafiquent avec les passeurs.

Depuis plus de 10 ans, la Méditerranée est devenue le tombeau de dizaines de milliers d’hommes, de femmes, d’enfants auxquels la Commission européenne nie toute humanité, qui n’ont ni nom ni visage. Ursula von der Leyen et ses semblables osent nous présenter l’Union Européenne comme porteuse d’un projet humaniste, alors qu’ils sacrifient froidement la vie d’êtres humains.

Rejetant les réfugiés, la Commission européenne veut nous en rendre complice et nous rendre étrangers à nous-mêmes, à notre propre humanité, autrement dit “L’étranger, c’est votre miroir qui le renvoie.” (Léo Campion).

La Libre Pensée exige les mesures d’urgence suivantes :

1°- L’annulation des accords de lâches substitution conclus entre l’Union européenne et la Turquie et autres pays ;

2°- La révision, dans les plus brefs délais, vu l’état du monde, de la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 et de la Convention de Genève de 1951 afin de reconnaître la qualité de demandeurs d’asile non seulement aux personnes victimes de persécutions mais également aux individus fuyant les guerres, la grande pauvreté et les catastrophes.

Bruxelles, le 16 juin 2023

(1) Voir l’excellent article de Nejma Brahim : Migrants : qui se soucie encore de quelques centaines de morts ?
(2) Le sauvetage est un droit et un devoir, pas un crime ! Stop aux attaques contre les OSC et les personnes en mouvement

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