Victor Hugo (26 février 1802 – 22 mai 1885)


Défenseur de la Laïcité et de la Pensée Libre, de la Démocratie, du Progrès social, adversaire du cléricalisme et de toutes les oppressions : Victor Hugo était un Libre Penseur.

Victor Hugo fut, un ardent défenseur de la Paix. En 1849, lors du Congrès de la Paix, il nous dit : « Un jour viendra où l’on montrera un canon dans les musées comme on y montre aujourd’hui un instrument de torture, en s’étonnant que cela ait pu être ! ».

« [] le magnifique auteur des Misérables fut un des fondateurs du mouvement libre penseur organisé. Dès 1869, il avait donné son adhésion au Congrès international extraordinaire des libres penseurs, réuni à Naples, sous les auspices de la Libre Pensée et de la Franc-Maçonnerie italienne, pour protester contre le Concile du Vatican et le dogme de l’infaillibilité. » Du bonapartiste au républicain conséquent : « [] Victor Hugo est parti du bonapartisme et de la réaction pour venir aux idées démocratiques et humanitaires. Dans sa jeunesse, il est nommé pair de France, on lui donne la Légion d’honneur, il entre à l’Académie… Mais il brisera bien vite les liens qui paralysent sa pensée. Le grand visionnaire se donnera tout entier au grand idéal de Paix et de Liberté qui illumine d’espérance les générations issues de la Révolution française. » 1848 : La IIe République, le « printemps des peuples », le Manifeste de Karl Marx et Friedrich Engels Cette évolution émouvante commence avec la Révolution de 1848 et la IIe République, qui venait de naître dans des conditions si précaires et qui était, dès sa naissance, noyautée et trahie par les éternels ennemis de la Raison et de la Liberté Spirituelle, en quoi d’ailleurs elle ressembla beaucoup à notre « Quatrième ». La classe ouvrière aspire à une démocratie véritable, non seulement politique mais économique et sociale. Victor Hugo, qui ne sera pourtant jamais démagogue, n’en sera nullement effrayé. Et jusqu’à la fin on le verra lutter pour toutes les causes généreuses. [] C’est ainsi que, dès sa jeunesse, assis sur les bancs de la droite-étonnée, il fera campagne pour l’abolition de la peine de mort, il désapprouvera les poursuites contre les chefs socialistes Louis Blanc et Caussidière. Bien qu’il n’accepte pas leurs idées, il ne peut admettre qu’ils soient persécutés. Il est, en somme, libre penseur sans le savoir, essentiellement tolérant et respectueux de toutes les libertés, n’ayant confiance que dans le Libre Examen et la recherche vigilante de la Vérité. La IIe République ne tarde pas à s’enliser dans la crainte, dans le gâchis et dans les intrigues de tous ceux qui veulent revenir aux régimes anciens. Victor Hugo s’efforce de réagir. Il fut, par exemple, un des premiers à protester contre l’expédition de Rome, qui aboutit à la destruction, par l’armée française, de la première république italienne. Dans un superbe discours, prononcé le 15 octobre 1849, il exprima solennellement l’indignation des républicains contre ce crime, dont les conséquences devaient être si fatales à la France en 1870. A l’Assemblée législative le 15 janvier 1850, contre la loi du comte Falloux qui voulait mettre « …un jésuite partout où il n’y a pas un gendarme » Contre la loi Falloux, qui livrait l’enseignement aux funestes influences de l’obscurantisme, Hugo prit également position avec une flamme et un courage merveilleux dans son discours [] l’orateur proclamait au grand jour les principes de notre laïcisme moderne, réclamant pour le peuple le droit à l’instruction, à une instruction gratuite à tous les degrés et obligatoire, à une instruction laïque, c’est-à-dire neutre, et soustraite à toutes les influences dogmatiques ou autoritaires. Victor Hugo fut encore sur la brèche pour défendre le suffrage universel et stigmatiser ces républicains singuliers qui enlevaient le droit de vote à trois millions d’ouvriers et de paysans, tout simplement parce qu’ils étaient trop pauvres. Mais la plus belle page de sa vie fut celle qu’il vécut lorsqu’il se dressa contre le coup d’État du 2 décembre et l’arrivée au pouvoir, par des procédés de violence comparables à ceux qui furent employés depuis par les Mussolini, les Hitler et les Franco, d’un régime d’usurpation et de tyrannie personnelle. Il ne se borne pas à flageller celui qui a trahi ses promesses pour usurper le pouvoir. Il flagelle d’un même mépris tous les comparses, militaires, ecclésiastiques et autres, qui ont approuvé ou soutenu le coup d’État. On sait que cette attitude lui valut une proscription de dix-huit années, qu’il supporta vaillamment, méprisant les amnisties, dédaignant de solliciter des grâces, attendant avec stoïcisme l’heure de la Liberté.

« Le premier Congrès de la Paix, tenu il y a plus d’un siècle déjà fut présidé par un Libre Penseur ! » : Victor Hugo. En 1849, à l’ouverture du Congrès de la Paix, il osait déjà dire : « Un jour viendra où l’on montrera un canon dans les musées comme on y montre aujourd’hui un instrument de torture, en s’étonnant que cela ait pu être ! ». Il trouvait exagéré les dépenses militaires, qui s’élevaient alors pour l’ensemble de l’Europe à la somme « monstrueuse » (le mot est de lui) de 4 milliards par an. Le défenseur du droit des peuples : « Il se dresse en faveur de la Grèce martyrisée. Il offre son amitié à l’intrépide Garibaldi. Il approuve les Cubains révoltés contre l’impérialisme espagnol. Il se solidarise avec les nègres que les États-Unis maintiennent en esclavage. Il est avec les Polonais que le tsarisme opprime, avec les Chinois que le colonialisme dépouille, avec les révolutionnaires que le despotisme de Russie ne cesse de fusiller et de pendre » […] « Apôtre de la Paix universelle, défenseur de la Laïcité et de la Pensée Libre, ami sincère du Peuple, de la Démocratie, du Progrès social, poète admirable et puissant, adversaire intrépide du cléricalisme et de toutes les oppressions, morales ou matérielles, Victor Hugo nous appartient intégralement. Et c’est en son nom que nous vous demandons de rallier la Fédération des Libres Penseurs de France et de l’Union Française, dont je suis le secrétaire. »

A suivre : son attitude controversée pendant la Commune de 1871…

André Lorulot (1885 – 1963, président de la Libre Pensée Française

(Extraits) Idée Libre d’avril 1952, à l’occasion du 150ème anniversaire de la naissance de Victor Hugo.