18 mars 1886 : déclenchement de la première grande révolte ouvrière belge


Alors que les conditions de vie et de travail de la classe ouvrière sont déjà épouvantables (travail des enfants, malnutrition, logements insalubres, épidémies : peste, choléra, etc.), le patronat réduit encore les salaires et licencie des travailleurs, dans un pays qualifié par Karl Marx de « paradis du capitalisme » !

Le 17 mars, un groupe d’ouvriers anarchistes colle sur les murs de la ville des affiches qui dénoncent les conditions de vie auxquelles les ouvriers sont confrontés. On peut y lire : « Continuerons-nous à laisser nos femmes et nos enfants sans pain, quand les magasins regorgent de richesses que nous avons créées. Laisserons-nous éternellement la classe bourgeoise jouir de tous les droits, de tous les privilèges et refuser toute injustice et toute liberté à ceux qui la nourrissent, à la classe des producteurs. ». Ce groupe donne rendez-vous aux ouvriers et ouvrières le jeudi 18 mars à la place Saint-Lambert pour célébrer le 15ème anniversaire de la Commune de de Paris : période insurrectionnelle des ouvriers et ouvrières parisiens qui s’opposaient au gouvernement français, qui commença le 18 mars 1871 et dura deux mois.

Le 18 mars 1886, plusieurs milliers d’ouvrier.es, de jeunes chômeurs répondent à l’appel des anarchistes liégeois. Les manifestants crient : « Vive la République ! », « Vive la Commune », « Vive l’ouvrier ! », tandis qu’est chantée La Marseillaise.

La manifestation est réprimée violemment : plusieurs morts, des dizaines de blessés parmi les manifestants et des dizaines d’arrestations. La répression de Liège suscite une vive colère et une solidarité chez les travailleurs de Charleroi, du Centre et du Borinage. Elle met le feu aux poudres et déclenche, une prise de conscience de classe chez les ouvrier.es, des troubles et une grève générale. C’est le début de deux mois de grèves, de révoltes, d’émeutes de la faim à travers le pays.

Dans les jours qui suivent, pour réprimer et contenir la révolte ouvrière, le gouvernement envoie : « Une véritable petite armée – flanquée de batteries d’artillerie, de compagnies du génie et des services d’intendance » selon l’historien Frans van Kalken.

Le massacre de douze ouvriers, à Roux, le 27 mars 1886 est le point culminant de la répression sanglante que subiront les ouvriers et ouvrières en grève. La grève est toujours considérée comme un crime par l’État.

Après la révolte, le gouvernement installe une Commission d’enquête qui débouchera sur quelques lois sociales. Mais avant tout, pour empêcher toute nouvelle insurrection révolutionnaire, le pouvoir bourgeois va réprimer impitoyablement les militants ouvriers et opérer à un renforcement de son appareil juridique répressif. Ces lois sont encore utilisées pour réprimer les actions syndicales comme à Anvers et Liège en 2019 et 2021.

Entre mars et mai 1871, Paris est le théâtre d’une insurrection qui instaurera un État ouvrier. Les insurgés organisent une république démocratique laïque, sociale mais seront massacrés par l’armée française (entre 20 000 et 30 000 communards sont fusillés). Cette révolution prolétarienne laissera une trace immense dans l’histoire des travailleurs de tous les pays (voir ici et là)