Elu.e.s et neutralité religieuse


Le chef de l’Etat agenouillé devant le pape Benoît 16

Nouvelle tocade de J.L. Bouchez, président du Mouvement Réformateur ! Après l’annonce de la nomination, comme échevine, de Mme Saliha Raiss, l’inspiré président, du parti « libéral » y voit là une atteinte à la neutralité de l’État ! Sur sa lancée, l’impétueux président veut interdire à tout.e élu.e le port de signe religieux, ou de signe philosophique ou politique1.

La Libre Pensée n’est pas d’accord avec les propos de M. J.L. Bouchez, qui en l’espèce, fait preuve d’ignorance ou de malhonnête intellectuelle à des fins politiciennes. Le même qui ne cesse de crier au scandale anti-laïque pour le port du burkini, mais ne cesse de se taire lorsque le chef de l’État, en l’occurrence le roi, assiste à la canonisation de tel ou tel autre pontife ; lorsque des ministres assistent es qualité à des messes, à des Te Deum ; lorsque des bourgmestres installent des crèches de la nativité sur le Domaine Public ; lorsque l’État finance des cultes et des écoles privées confessionnelles ou non, etc.

Cet attachement hypocrite à une conception à géométrie variable de la laïcité a de quoi interpeller !

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Dans un État qui se revendique neutre philosophiquement, les élus publics peuvent-ils, sans enfreindre le principe de neutralité, participer à des manifestations religieuses, se rendre dans des lieux de culte, porter des signes religieux, recevoir ou accepter l’invitation de ministres du culte ou d’associations cultuelles, ou encore, manifester leurs convictions religieuses ?

Pour la Libre Pensée, les principes de laïcité et de neutralité doivent s’appliquer avec rigueur à l’ensemble des services publics, ainsi qu’aux bâtiments publics, sur lesquels aucun signe symbolisant la revendication d’opinions politiques, religieuses ou philosophiques ne peut être apposé. Ce principe doit également s’appliquer strictement aux agents publics, qui ne peuvent manifester leurs croyances religieuses ou convictions philosophiques ou politiques dans le cadre de leurs fonctions.

On pourrait supposer, par analogie, que ce principe de neutralité s’applique, dans les mêmes conditions, également aux élus. Ce n’est pas le cas. Au contraire, les élu.es2, (ministres, bourgmestres, échevins…) en tant que chefs d’une administration publique sont soumis au principe de neutralité mais retrouvent leur liberté de parole en tant qu’élus notamment dans le cadre des assemblées délibérantes. Les bourgmestres, échevins et conseillers communaux peuvent exprimer leurs opinions religieuses en Conseil communal.

Lorsqu’ils exercent une mission de service public, des fonctions d’agents publics, ils sont tenus d’adopter une attitude personnelle neutre dans l’exercice de leurs fonctions, donc de s’abstenir d’afficher leurs propres convictions religieuses (croyance ou non-croyance) ou philosophiques, tout comme les fonctionnaires et agents du service public, et ce pendant l’exercice de leurs fonctions représentant l’État.

La neutralité des institutions publiques s’incarne à travers les individus qui la servent et ne peut être effective si celles et ceux qui l’incarnent ne l’observent pas. En conséquence, les élus tout comme les fonctionnaires qui exercent une mission de service public doivent être astreints à une stricte obligation de neutralité durant l’exercice de leurs fonctions. En dehors, ils retrouvent pleinement leur pleine liberté d’expression.

Pour la Libre Pensée, le combat à mener est celui de la stricte séparation des Églises et de l’État, ce qui suppose la fin de la reconnaissance, du financement public des cultes, convictions philosophiques et de leurs œuvres.

Seule cette stricte séparation permet le respect l’absolue liberté de conscience de TOUTES les citoyennes et de TOUS les citoyens.

Mr J.L. Bouchez mettez votre pratique en accord avec les principes que vous prétendez défendre ! Pour mettre fin aux communautarismes religieux – y compris catholique ! – cessez de financer les cultes et leurs œuvres !

Bruxelles, ce 17 juillet 2023

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1.  J.L. Bouchez réagit à la nomination de Saliha Raiss 
2. Les parlementaires et sénateurs ne sont astreints à aucune restriction.