Grande-Bretagne : le processus de désétablissement de l’Église d’Angleterre a-t-il sonné ?


Selon les données d’un recensement de 2021, le pourcentage des personnes en Angleterre et au Pays de Galles se décrivant comme « chrétiennes » a chuté de 13 points, passant de 59 % en 2011 à 46 % en 2021.

Dans le même temps, le pourcentage des personnes se déclarant sans religion est passé de 25 % à 37 % sur la même période.

Au Royaume-Uni, la religion anglicane – qui se différencie du catholicisme par sa rupture avec Rome et l’ordination de femmes prêtres – est religion d’État depuis la moitié du 16ème siècle. Le chef de l’État est le « Gouverneur suprême » de l’Église et du clergé d’Angleterre.

Malgré une audience en chute, l’Église d’Angleterre a une influence énorme sans commune mesure avec le nombre de ses adhérents, et bénéficie de privilèges institutionnels uniques : comme par exemple les 26 sièges à la Chambre des Lords réservés à ses évêques avec droit de vote. En plus, un tiers des écoles publiques britanniques sont des écoles publiques où les « élèves doivent prendre part à la prière commune » (1)

La National Secular Society (NSS), qui, depuis sa fondation en 1886, milite pour la séparation de la religion et de l’État, suite à la publication de ce recensement demande à nouveau que des réformes fondamentales soient prises pour en finir avec ce « système antidémocratique » et exiger une véritable « démocratie laïque ».

Le directeur général de la NSS, Stephen Evans a déclaré : « C’est officiel, nous ne sommes plus un pays chrétien. Les chiffres du recensement dressent le portrait d’une population qui s’est éloignée de façon spectaculaire du christianisme – et de la religion dans son ensemble. Le statu quo actuel, dans lequel l’Église d’Angleterre est profondément ancrée dans la constitution britannique, est injuste et antidémocratique – et semble de plus en plus absurde et insoutenable. Nous avons besoin de réformes fondamentales pour devenir une véritable démocratie laïque – une démocratie qui reflète la réalité de notre peuple religieux et diversifié et qui est adaptée au XXIe siècle. »

Source : L’avenir de l’Église et de l’État : perspectives sur le désétablissement

1. Éditions de la Libre Pensée, Pour la laïcité en Europe, pp. 154-159, 2015, 12€