Tribune libre: « Crimes de guerre, empire et poursuite de la presse libre »


Marie-France Deprez

C’est un article de Nozomi Hayase1 écrit en 2020 pour le 75e anniversaire sur Consortiumnews.com qui m’a inspiré cette courte intervention lors de la commémoration au parc Hibakusha de l’Université de Mons ce samedi 6 août.

Dans cette courte intervention, je voudrais parler de l’importance de la presse et de l’information, toujours et particulièrement, en temps de guerre.

Le 2 septembre 1945, le journaliste australien Wilfried Burchett fut le premier journaliste occidental à pénétrer dans Hiroshima après le bombardement.

Il est allé à la rencontre de survivants, il a parcouru les lieux dévastés qu’il a décrits comme écrasés par un énorme bulldozer. Il a photographié des victimes. Il voulait donner la parole à ceux qui n’étaient pas entendus, à ceux que l’on voulait silencieux, les victimes justement. Son article « The Atomic Plague » est paru le 5 septembre dans le Daily Express à Londres. L’article mentionnait pour la première fois les effets des radiations atomiques.

Par la suite, ses reportages, notamment sur les maladies liées au rayonnement atomique, ont subi la censure des Etats-Unis. Wilfried Burchett a été décrit comme un traître travaillant au profit des Japonais et par la suite certains de ses reportages ont été refusés par les médias importants de l’époque.

Les Etats-Unis qui avaient voulu par ce bombardement s’attribuer le rôle principal dans la fin de la guerre voulaient aussi que leur image ne soit pas entachée par une information précise et vraie sur la façon dont ils avaient agi : la description des conséquences dramatiques et horribles d’un bombardement atomique.

Et ils ont continué.

En 2010, WikiLeaks a publié une vidéo capturée par une caméra embarquée à bord d’un hélicoptère Apache de l’armée des Etats-Unis et montrant l’assassinat de civils au sol le 12 juillet Wikileaks, Assange, 2007 à Bagdad.

La vidéo montre l’acharnement des militaires sur des civils déjà tombés et fait entendre leur paroles de mépris.

Parmi les victimes se trouvaient deux journalistes de l’agence Reuters. Ce n’est que lorsque la vidéo a été publiée par WikiLeaks que le responsable de Reuters à Bagdad a pu connaître les vraies circonstances de la mort de ses collaborateurs, ses demandes répétées aux autorités des Etats-Unis s’étant à chaque fois soldées par un refus.

La publication de cette vidéo et de centaines de milliers d’autres documents dénonçant des crimes de guerre a conduit les Etats-Unis, comme dans le cas de Burchett à faire passer le journaliste pour un espion, pour un traître.

Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks paye le prix de ces révélations depuis plus de 10 ans dont les 3 dernières années dans une prison de haute sécurité, la prison de Belmarsh, près de Londres où il attend la réponse du Royaume-Uni à une demande d’extradition des Etats-Unis.

La menace sur Assange est la continuation directe de celle sur Burchett, assimiler le travail des journalistes à de l’espionnage et nous priver d’un de nos droits fondamentaux, le droit à l’information.

Assange comme Burchett lors du bombardement d’Hiroshima poursuit un but faire connaître la réalité des guerres, la vérité sur leurs causes et leurs conséquences pour les populations civiles, il cherche ainsi, en informant le public, à faire naître une réaction anti-guerre et à développer le mouvement anti-guerre que nous soutenons tous.

Comme il l’a déclaré à Londres à Trafalgar Square lors d’une manifestation pacifiste en 2011 : « Si les guerres peuvent être déclenchées par des mensonges, alors la paix pourrait résulter de la vérité. » (If wars can be started by lies, peace can be started bu truth)

Continuons à lutter pour la vérité et pour la paix.

Marie-France Deprez
6 août 2022

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  1. Crimes de guerre, empire et poursuite de la presse libre