« Les nations ont au-dessus d’elles quelque chose
qui est au-dessous d’elles, les gouvernements. »
Victor Hugo
Un État fantôme pour mieux étouffer la Palestine
La Belgique, la France et le Royaume-Uni et sept autres pays ont enfin daigné « reconnaître conditionnellement » l’État de Palestine. Quelle générosité ! Quel courage ! Sauf que cet État, personne ne sait où il se trouve, quelles en sont les frontières, ni même s’il aura le droit d’exister autrement que sur le papier. Comme le résume Joseph Massad dans Middle East Eye : « L’Occident n’a jamais reconnu les droits palestiniens que lorsqu’il y voyait un instrument pour renforcer Israël. » Voici donc la nouvelle mascarade : un État sans territoire, sans souveraineté, sans armée, sans contrôle sur ses frontières — un État fantoche, conçu pour légitimer l’apartheid israélien et donner bonne conscience à des dirigeants complices du génocide à Gaza.
Bart De Wever, Emmanuel Macron et Keir Starmer, défenseurs de la Palestine ? Ces trois-là ont un point commun. Ils déclarent, sans sourciller, que « l’antisionisme est de l’antisémitisme », crachant ainsi au visage des Juifs antisionistes, tout en légitimant la Nakba et sa poursuite. Si ces dirigeants voulaient vraiment la justice, ils suspendraient sur-le-champ tous les accords avec Israël, gèleraient les échanges commerciaux, sanctionneraient les entreprises complices de la colonisation. Mais non. Ces pays restent parmi les premiers partenaires économiques d’Israël, finançant les infrastructures coloniales qui mangent la Cisjordanie. « Les complices du génocide à Gaza n’ont pas trouvé de meilleur moyen de se racheter que de reconnaître un État palestinien inexistant », écrit le blog Free Haïfa. La reconnaissance n’est qu’un leurre, une opération de blanchiment moral par des gouvernements qui, depuis des décennies et contre leur opinion publique, ferment les yeux sur les crimes israéliens.
Reconnaître l’État palestinien ? Une insulte à l’intelligence
Parler d’un État palestinien sans démanteler l’apartheid, sans mettre fin à l’occupation, sans garantir le droit au retour des réfugiés, c’est « institutionnaliser l’épuration ethnique commencée en 1948 », comme le rappelle Ilan Pappé.
C’est « vendre un mythe de paix tout en consolidant la suprématie juive entre le fleuve et la mer », selon Peter Beinart qu’on ne peut qualifier de complaisant vis-à-vis de la cause palestinienne. C’est, en somme, « enterrer la Nakba sous un drapeau palestinien symbolique ». La reconnaissance ne change rien : les colonies continuent de pousser, Gaza reste sous blocus, les Palestiniens sont toujours des sous-citoyens dans leur propre pays.
Pour être véritablement efficace, cette reconnaissance doit être inconditionnelle et respecter le droit à l’autodétermination du peuple palestinien, tout en incluant des mesures concrètes pour mettre fin au génocide, à l’occupation, à la colonisation et à l’apartheid. L’urgence est de stopper immédiatement le génocide et le nettoyage ethnique en cours, en imposant des sanctions à Israël maintenant !!.
Un piège pour les Palestiniens, une bouée de sauvetage pour Israël
Cette reconnaissance n’est pas une victoire, mais un piège. Un piège destiné à « normaliser l’apartheid et l’extermination », comme le dénonce Awad Abdel Fattah, de la Campagne pour un seul Etat démocratique. Un piège pour faire taire les voix qui réclament justice, pour isoler le Hamas, pour présenter Israël comme la victime et les Palestiniens comme les coupables. « La solution à deux États est devenue un outil de normalisation de l’apartheid », martèle-t-il. Pendant ce temps, les bombes continuent de pleuvoir, les terres continuent d’être volées, et les réfugiés continuent d’être spoliés de leur droit au retour.
La vraie question : qui sert cette reconnaissance ?
Certainement pas les Palestiniens. Elle sert Israël, d’abord, en lui offrant une respectabilité internationale alors qu’il est plus isolé que jamais. Elle sert les dirigeants européens, ensuite, qui peuvent ainsi se donner une image progressiste sans rien changer à leur politique de complicité. « L’illusion des deux États permet à ces gouvernements de se dire progressiste tout en refusant de confronter la réalité : un seul État existe déjà, et c’est un État d’apartheid », résume Beinart.
La seule issue : la lutte, pas les illusions diplomatiques
La liberté des Palestiniens ne viendra pas de déclarations creuses, mais de la résistance, de la solidarité internationale, et de la délégitimation totale du projet colonial israélien. « La seule voie réaliste est de délégitimer le projet colonial dans son ensemble et de bâtir une alternative fondée sur l’égalité de tous les habitants entre le fleuve et la mer », insiste Ilan Pappé.
Tout en donnant l’illusion d’agir pour la paix, cette pseudo-reconnaissance est un chèque en blanc à Israël. « La reconnaissance occidentale de l’État palestinien n’est pas une victoire, mais un piège » — un piège pour les Palestiniens, pour les populations de la région.
Un seul État : la seule issue réaliste
La réalité est là, implacable : les populations sont mêlées, les frontières artificielles ont échoué, et l’idée de deux États n’est plus qu’un leurre pour perpétuer l’injustice. La seule solution raisonnable, la seule voie juste, c’est la création d’une Palestine unie, indivisible, démocratique, sociale et laïque — un État où Juifs, Musulmans, Chrétiens, Laïques et Libres Penseurs vivraient enfin en égaux, dans un cadre politique garantissant à chacun les mêmes droits. Sans cela B. Netanyahu pourra « finir le travail » à Gaza ! ■
Tarma,
Bruxelles, 28 Septembre 2025



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