Source : VTM, Le Monde. Depuis des décennies, l’Église catholique en Belgique est ébranlée par une succession de scandales mettant en lumière des crimes systémiques commis sous son autorité. Après les affaires de pédophilie, de trafic de nourrissons et d’adoptions forcées, une nouvelle enquête révèle les violences physiques et psychologiques infligées à des générations d’enfants placés dans des institutions religieuses. La série documentaire De Nonnen (« Les Nonnes »), diffusée par la chaîne flamande VTM, expose un « règne de terreur » au sein de l’ancien monastère Saint-Vincent de Zelem (Limbourg) dans les années 1970. Dans ce monastère limbourgeois, ainsi que dans d’autres couvents à travers la Flandre, des victimes y dénoncent des abus physiques, mentaux et sexuels perpétrés par des religieuses.
Des témoignages glaçants et des pratiques inhumaines
Les récits recueillis dépeignent un climat de terreur : enfants battus, humiliés, privés de nourriture, enfermés dans des caves ou soumis à des travaux forcés. Betty, 74 ans, raconte avoir été « ruinée à vie » après cinq années passées dans cette institution. D’autres, comme Steve De Lenheer, évoquent des punitions cruelles, comme être enfermé avec seulement une brosse à dents et un verre d’eau. Erik, 63 ans, décrit les coups, les heures passées à genoux sur du béton, et surtout, les rumeurs persistantes d’enterrements clandestins d’enfants disparus.
Disparitions inexpliquées et suicides
Plusieurs témoins affirment que des enfants sont morts dans ces institutions et auraient été enterrés secrètement dans le cimetière de Zelem. Des mères ont été contraintes d’abandonner leurs enfants, des adoptions forcées ont été organisées, et des agressions sexuelles ont été commises. Ces révélations rappellent les scandales similaires en Irlande ou au Canada, où des milliers d’enfants autochtones ont disparu dans des pensionnats religieux.
Une justice trop lente et des excuses insuffisantes
Le parquet du Limbourg a ouvert une enquête préliminaire, qualifiant les faits de « très sérieux ». Cependant, les victimes, comme Jan Jerbots (79 ans), restent sceptiques : « Une vingtaine d’anciens pensionnaires avaient déjà témoigné en 2009 et 2011, sans aucune suite. Je n’attends plus rien. » L’Église catholique, par l’intermédiaire de l’Union des religieux de Flandre, a exprimé sa « sidération » et présenté des excuses, mais ces déclarations ne suffisent pas à apaiser la colère des survivants.
Un contexte plus large de scandales répétés
Ce nouveau scandale s’inscrit dans une série noire pour l’Église belge. En 2023, la série Godvergeten (« Les Oubliés de Dieu ») avait déjà révélé des décennies d’abus impliquant des figures ecclésiastiques de haut rang, comme l’ancien évêque de Bruges Roger Vangheluwe et l’ex-primat Godfried. ■



Vous devez être connecté pour poster un commentaire.