Ah ! « Dieu, ce refuge de l’ignorance » Spinoza
RESPECT DES PRINCIPES DE NEUTRALITÉ
ET DÉFENSE DE L’ÉCOLE PUBLIQUE
Le Cercle de Libre Pensée (CLP-KVD) réaffirme avec fermeté son engagement en faveur de la neutralité de l’École Publique1, pilier essentiel de la liberté de conscience des élèves et du personnel éducatif. L’intrusion de figures religieuses telles que Saint Nicolas dans les établissements scolaires publics constitue une violation flagrante de ce principe fondamental, au même titre que l’installation de crèches chrétiennes dans les bâtiments publics.
L’École Publique, un espace triplement neutre. Conformément à l’article 24 de la Constitution, la circulaire du 18 février 2008 et au décret définissant la neutralité de l’enseignement en Communauté française2, hormis les cours de religion, l’École Publique doit garantir :
-
La neutralité du corps enseignant, qui s’abstient de toute propagande religieuse ou idéologique.
-
Un programme scolaire fondé sur la science, libéré de références à des divinités ou dogmes.
-
Une institution elle-même neutre, sans affichage de symboles religieux ou politiques en son sein.
Cette triple neutralité vise à protéger la liberté de conscience de tous les élèves, quelles que soient leurs convictions. Or, la présence de Saint Nicolas, figure historiquement liée au christianisme, introduit un biais confessionnel inacceptable. Comment expliquer qu’une élève supposée d’origine arabo-musulmane, à qui l’on interdit le port de l’abaya au nom de la neutralité, doive simultanément être confrontée à un symbole chrétien dans son école ? Saint Nicolas en l’occurrence. Si on suit les tenants de l’intrusion de ce saint à l’école : dans l’École publique pas de « vêtements musulmans » mais vive la soutane ! Cette contradiction révèle une application sélective des principes de neutralité, discriminatoire et hypocrite.
Saint Nicolas, comme son titre l’indique et bien que folklorisé, reste indéniablement un personnage religieux – la question reste ouverte pour le père fouettard -, tout comme la crèche de la Nativité est un symbole religieux catholique. Même un esprit simplet ne peut le nier ou à moins d’appartenir aux frères ignorantins. Autoriser ces symboles dans les écoles publiques revient à imposer une norme religieuse, au mépris de la liberté de conscience, de la diversité des élèves et de leurs familles.
Derrière les « affaires » des crèches ou de Saint Nicolas se cache une volonté réactionnaire de réintroduire des clivages religieux dans la société. Le CLP-KVD dénonce cette instrumentalisation de l’École Publique, qui devrait être un lieu d’émancipation par le savoir, non un terrain de prosélytisme, d’où qu’il vienne. La liberté de croire ou de ne pas croire relève de la sphère privée. L’École publique, qui elle appartient à la sphère publique, doit rester un sanctuaire de raison et d’égalité.
Le CLP-KVD rappelle que l’article 24 de la Constitution et les textes en vigueur interdisent toute préférence religieuse dans l’enseignement public. Nous appelons les citoyens, les enseignants et les autorités à refuser ces entorses à la neutralité. Cessons de tolérer les exceptions au nom d’une « tradition » et œuvrons pour une École véritablement neutre à défaut d’être laïque, où chaque élève se sente respecté dans sa dignité et sa liberté de pensée. L’École publique neutre n’est pas la même chose que l’École privée catholique !
Enfin, le CL-KVD dénonce le deux-poids deux-mesures de la ministre de l’Éducation, Madame Glatigny. Celle-ci multiplie les déclarations tonitruantes contre l’entrisme présumé des frères musulmans dans les écoles, brandissant la neutralité comme un étendard absolu. Pourtant, quand il s’agit de faire appliquer les décrets sur la neutralité dans tous les établissements publics, la ministre semble soudainement amnésique. Où est donc passé son zèle pour l’exemplarité, elle qui ne cesse d’invoquer les « gestes pédagogiques » ? Comment peut-elle prétendre à l’impartialité, si elle ne commence pas par exiger le respect des principes qu’elle impose aux autres ? Mais en la matière il y a loin de la coupe aux lèvres.
La Libre Pensée ne transigera pas : face aux nostalgiques des croisades et aux atteintes à la neutralité, notre combat pour l’universalisme et l’égalité reste plus que jamais nécessaire.
La neutralité ne peut être à géométrie variable
selon la religion à laquelle elle s’applique
Bruxelles, Frimaire CCXXXIV
______________________________
1. Nous utilisons l’appellation École publique en lieu et place de École officielle.
2. Des décrets concernent également l’Enseignement officiel subventionné (communal) et l’Enseignement libre subventionné non-confessionnel.


Vous devez être connecté pour poster un commentaire.