Source Le Soir et La Libre Les années 2000 ont été synonymes d’affaires de pédophilie dans l’Eglise catholique de Belgique. Près de cinq cents cas d’abus sexuels par des prêtres sur des mineurs avaient été identifiés et en 2010, des perquisitions spectaculaires avaient été menées au siège de l’archevêché de Malines-Bruxelles, ainsi que dans les domiciles de plusieurs évêques et responsables religieux. Comme toujours, l’Eglise était outrée, criait son innocence et le Vatican protestait fermement. Cet épisode, connu sous le nom d’«Opération Calice», a connu un énième rebondissement.
La justice a constaté en effet l’extinction de l’action publique de l’affaire, suivant ainsi les réquisitions du Parquet fédéral. En toile de fond, on retrouve la bataille de procédures enclenchée par l’Eglise au lendemain des perquisitions menées en 2010. Il faut dire que les enquêteurs n’y étaient pas allés de main morte, allant jusqu’à percer des tombes à la cathédrale Saint-Rombaut pour chercher des documents cachés et fouillant le siège de la Commission Adriaenssens chargée d’enquêter sur les abus sexuels au sein de l’Eglise.
La justice avait d’abord tergiversé quant à la question de savoir si ces perquisitions étaient régulières ou non, avant d’estimer qu’elles ne l’étaient pas. En décembre 2012, les documents saisis lors des perquisitions avaient été restitués à l’Eglise. Mais les actes d’enquête fondés sur les pièces saisies sont restés légaux et ont été conservés au dossier.
Les victimes pouvaient donc espérer que leurs demandes seraient suivies. Dans les médias, plusieurs d’entre elles ont fait part de la souffrance endurée depuis qu’elles étaient enfants, lorsque des prêtres avaient profité de leur naïveté. Elles réclamaient la justice, la reconnaissance du tort subi et des sanctions contre les responsables ecclésiastiques.
Mais dès 2016, le Parquet fédéral a demandé de constater l’extinction de l’action publique à l’égard de la plupart des suspects identifiés, soit parce qu’ils avaient déjà été condamnés pour les mêmes faits, soit parce qu’ils étaient décédés, soit parce que les faits étaient prescrits.
La décision vient de tomber : l’action est éteinte. « La réquisition du Parquet fédéral a été suivie dans son intégralité », a souligné l’avocat de l’archevêché de Malines-Bruxelles, Fernand Keuleneer. « Cela me semble être une décision juridiquement correcte et très équilibrée, qui est bien motivée. » Les évêques belges sont donc satisfaits.
Pour les parties civiles, c’est au contraire le coup de massue. « Une fois de plus, les victimes n’ont pas été reconnues », a déploré le prêtre retraité Rik Devillé, devenu la voix publique des plaignants. Selon lui, « l’Eglise se trouve manifestement au-dessus de la justice ». Une avocate représentant plusieurs victimes a fait savoir qu’elles n’en resteront pas là. « Nous voulons de toute manière poursuivre l’action à l’encontre de l’Etat belge, et faire intervenir l’Eglise pour les paiements qui auraient dû être faits il y a longtemps ». ■
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