« De quel droit l’Église catholique entend interdire aux responsables mutualistes de militer pour le droit de mourir dans la dignité ? »


En France, bien que tous les sondages montre que l’écrasante majorité des Français est favorable à l’euthanasie, la législation n’avance guère. Le droit à l’euthanasie et au suicide assisté à la demande de l’individu concerné se heurte à des religieux, opposants acharnés au droit à l’euthanasie, le droit de mourir dans la dignité, au suicide assisté, voire à la sédation et à celle de leurs représentants politiques au Parlement. La mort, selon les religions du Livre, doit demeurer un espace interdit à la liberté de conscience. Un article particulièrement agressif de Tugdual Derville, intitulé « Euthanasie, de quoi se mêlent les mutuelles ? » publié dans la Croix du 08/09/2022  (Ici) en est l’une des dernières illustrations. En réponse, des militants mutualistes, responsables ou anciens responsables de mutuelles lancent un appel (là), que nous reproduisons ci-dessous.

Extraits : « Le militantisme de plusieurs figures des mutuelles françaises en faveur de l’euthanasie interroge Tugdual Derville. Est-ce bien le rôle des mutuelles dont on attend « qu’elles nous protègent » de défendre la levée de « l’interdit de tuer » ? À quel titre des voix mutualistes se permettent-elles de réclamer qu’on légalise l’euthanasie ? ….

Et voilà que des leaders mutualistes laissent entendre que la vie de certains de leurs sociétaires ne mériterait plus d’être vécue et qu’il faudrait lever, pour eux, l’interdit de tuer. Malaise, quand on sait les tensions budgétaires qui fragilisent notre système de santé : le conflit d’intérêts saute aux yeux…

La position de la MGEN (Mutuelle générale de l’éducation nationale) trahit au passage une conception individualiste de la vie peu compatible avec la philosophie « solidaire » dont se réclame la démarche mutualiste. »

Le propos et le procédé sont ignobles, ils sous-entendent que c’est par volonté pécuniaire que des mutuelles se prononcent pour le droit de choisir sa fin de vie. Nous faire faire la leçon par ceux qui ont beaucoup de mal (c’est le moins que l’on puisse dire) à réparer financièrement les crimes  pour 330 000 victimes des prédateurs sexuels du clergé, est quand même un peu fort d’hostie.

L’Humanisme solidaire qui nous anime ou nous ont animé dans nos responsabilités mutualistes n’a rien à envier à ceux qui professent comme une vérité d’Evangile : « Nous sommes égaux devant Dieu, pas devant les hommes » (Centre français du Patronat  chrétien)

Derrière cette nouvelle croisade entreprise contre la volonté ultra-majoritaire de nos concitoyens de choisir une fin de vie digne, sans souffrance inutile et librement décidée et assumée, on voit se dresser la main de l’obscurantisme le plus réactionnaire qui, à travers le monde, veut interdire l’IVG, et la Contraception. Au nom du « droit à la vie », les mêmes qui veulent interdire une loi de liberté sur la fin de sa vie, s’arc-boutent contre la PMA et la GPA qui, elles, sont un véritable droit à la vie.

Nous récusons la fausse opposition entre le Droit de mourir dans la dignité et les soins palliatifs. Au lieu d’accuser les responsables mutualistes, La Croix serait bien inspirée de s’en prendre aux politiques de destruction des hôpitaux et des services de santé, mises en œuvre par les différents gouvernements. C’est cette politique qui rend très difficile l’accès aux soins palliatifs pour ceux qui le désirent. Mais l’Église a toujours été comme cela : faible avec les gouvernements et forts avec les faibles. Cela s’appellent La Doctrine sociale de l’Église catholique.

Pour nous, Humanistes mutualistes, nous revendiquons le droit de chaque être humain de décider de comment il doit organiser sa fin de vie. Ceci est véritablement un véritable Droit de l’Homme à conquérir. On ne choisit pas de naître, on choisit rarement la vie que l’on mène ; on devrait avoir le droit de terminer son parcours de vie comme on l’entend.

Il n’est guère étonnant que ceux qui ont toujours condamné la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789, au nom des « devoirs envers Dieu » continuent dans la même voie réactionnaire de la négation des droits libérateurs pour promouvoir des devoirs oppresseurs.

Pour eux, l’Humanité en marche n’a aucun droit de toucher à « l’œuvre de Dieu » (Opus Dei en latin).

Nous, humanistes mutualistes, revendiquons le droit de l’Humanité à décider de son sort en toute liberté de conscience, contre tous les Inquisiteurs qui entendent imposer leurs dogmes aux peuples.

Seul l’être humain a le droit de décider pour lui-même, en toute chose !

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Signataires :

● Delrue Luc, administrateur d’une  mutuelle hospitalière

● Deroualliere Patricia, militante mutualiste de la MNH

● Eyschen Christian, Président de la MGEC de 1985 à 2014

● Frey Jean-Claude, administrateur de mutuelle, ancien Président de mutuelle

● Tranier Daniel, Président UNMOS de 2004 à 2020

Signataires :

● Delrue Luc, administrateur d’une  mutuelle hospitalière

● Deroualliere Patricia, militante mutualiste de la MNH

● Eyschen Christian, Président de la MGEC de 1985 à 2014

● Frey Jean-Claude, administrateur de mutuelle, ancien Président de mutuelle

● Tranier Daniel, Président UNMOS de 2004 à 2020

Pour s’associer à cet Appel en le signant : écrire à C.eyschen-VP@fnlp.fr