Liberté absolue de conscience, liberté d’expression, piliers démocratiques !


« Là où on brûle les livres, on finit par brûler les hommes »   Heinrich  HEINE

Depuis la nuit des temps, pour assurer leur emprise sur les consciences de toutes et de tous – croyants ou non croyants – et tenter de les maintenir dans la servitude, les religions utilisent l’intimidation, l’emprisonnement, la torture, la mise à mort de toutes celles et ceux qui refusent de se plier à leurs dogmes. Aucune religion n’a jamais accepté de reconnaître l’absolue liberté de conscience et son corollaire qu’est la liberté d’expression. Cependant, si les religions ont vainement tenté d’étouffer la liberté de conscience, il n’en est pas de même pour la liberté d’expression. La tentative d’assassinat de Salman Rushdie, pour avoir critiqué une religion, en l’occurrence l’islam, en est l’une des dernières tragiques illustrations.

Le CLP-KVD tient à rappeler, que la fatwa de l’ayatollah Khomeiny contre Salman Rushdie à peine connue, des responsables politiques, religieux, notamment catholiques, ont attisé les braises de la haine et de l’intolérance en se montrant compréhensifs. Deux exemples pour illustrer notre propos : Pape François : On ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision “Il ne faut pas jouer avec la religion des autres. Ces personnes provoquent et ensuite (quelque chose peut arriver). La liberté d’expression a des limites” ; Mme Ashton, représentante de l’Union européenne, qui signe un communiqué avec l’Organisation de la Conférence Islamique disant : « Nous croyons en l’importance de respecter tous les prophètes, quelle que soit la religion à laquelle ils appartiennent. », (ici et ) . Ces propos ne peuvent que faciliter les atteintes à la liberté d’expression et ils mettent en danger, et pas seulement en Europe, les législations séculières ou laïques, organisant ou protégeant la liberté de conscience, de presse et création. Ils constituent un danger pour les libertés et la sécurité physique de tout un chacun.

Le CLP-KVD constate que des lois relatives au blasphème ou au supposé délit d’« injure religieuse » ont toujours cours dans plusieurs États membres de l’Union européenne ! Concernant le droit de blasphème, il observe une différence de traitement médiatique lorsqu’il s’agit des intégristes catholiques agressant des acteurs, des artistes, ou d’autres sombres individus s’attaquant à des mosquées.

Par leur essence totalitaire et leurs certitudes dogmatiques, les religions ne peuvent admettre la liberté absolue de conscience.

La liberté d’expression inclut le droit d’offenser, le droit d’irrévérence envers les pouvoirs, quels qu’ils soient. Sa justification repose sur la distinction entre les dogmes, qui peuvent faire l’objet de critiques ou de moqueries, et les individus qui peuvent y adhérer. Ce droit permet ainsi que les désaccords politiques, religieux… puissent s’exprimer publiquement sans que l’État au service d’une ou de croyance(s) particulière(s) ne censure telle ou telle position. Un État n’a pas à protéger les sensibilités religieuses, car faut-il le rappeler, elles sont elles-mêmes mutuellement offensantes. En effet, si pour certains croyants, la représentation satirique d’une figure « sacrée » est considérée comme blessante, alors que faut-il penser des discours affirmant qu’il n’est pas de Dieu ou qu’il n’en est qu’un, mais qu’il s’agit, bien évidemment, du leur ? A l’exigence du cardinal Lustiger pour que cesse la satire des religions à la télévision, le libre penseur Pierre Desproges rétorquait que la retransmission « de grotesques manifestations incantatoires » le dimanche matin portait « d’insupportables attaques » à son athéisme. Et il ajoutait : « je précise que j’envoie une copie de cette lettre à Dieu et que ça va chier » (ici).

Critiquer un dogme religieux, une figure religieuse ce n’est ni injurier, ni diffamer les personnes qui y adhèrent. Pas plus qu’elle n’alimente la haine à leur égard. La critique, même acerbe, d’une religion, n’implique nullement une atteinte à la dignité de ses membres. Leur personne ne se réduit pas à leurs croyances, même si certains discours racistes s’efforcent de le faire croire. La liberté d’expression et donc d’offenser serait réduite à néant si elle devait se limiter à ce qui ne peut être ressenti comme offense !

Dans le climat actuel de régression des libertés individuelles et collectives, la liberté d’expression est à défendre en toutes circonstances. Aujourd’hui encore, des hommes et des femmes, sont emprisonnés, meurent à cause de leurs opinions philosophiques, religieuses ou politiques, à cause de leurs orientations sexuelles, à cause de leur appartenance à une ethnie, ou parce qu’elles sont des femmes refusant de se soumettre à des diktats d’un autre temps.

Depuis des dizaines d’années, les religions tentent de limiter les critiques à leur égard, voire les interdire, que ce soit de manière discrète, via un lobbying de tous les diables auprès d’institutions (parlement, partis…) pour influencer les lois, ou de façon plus agressive. À ce titre, les croyants, qui se posent en victimes, utilisent l’argument du blasphème pour se justifier, oubliant que pour blasphémer, il faut croire, il faut appartenir à la religion que l’on blasphème.

Le CLP-KVD, membre de l’AILP, entend,  tant au plan national qu’au plan international, ne ménager aucun effort pour aider à ce que soient balayés les vestiges de l’Ordre ancien, ici ou ailleurs, par la plus stricte Séparation des Églises et de l’État, garantissant la plus absolue liberté de conscience et de son corollaire la liberté d’expression.

Plus que jamais, A bas la calotte !
Vive la Libre Pensée ! Vive la Sociale !

28/08/2022