Gisèle Halimi (1927-2020)


Une militante pour les droits des femmes

Gisèle Halimi devant le tribunal de Bobigny le 21 novembre 1972

Gisèle Halimi, co-fondatrice en 1971, avec Simone de Beauvoir, Jean Rostand et Christiane Rochefort, de l’association Choisir1 va en 1972, à l’occasion du procès emblématique d’une mineure jugée pour avoir avorté suite à un viol, faire le procès des lois scélérates de 1920 et 1923 qui répriment de prison la provocation à l’avortement et la propagande anticonceptionnelle. Elle obtient la relaxe de la jeune femme et ouvre, avec d’autres, la voie à la dépénalisation de l’avortement en France.

Gisèle Halimi conclut sa plaidoirie devant le tribunal de Bobigny par ces mots : « Regardez-vous et regardez-nous. Quatre femmes comparaissent devant quatre hommes. Et pour parler de quoi ? De sondes, d’utérus, de grossesses et d’avortements ! Croyez vous que l’injustice fondamentale et intolérable n’est pas déjà là ? Est-ce que vous accepteriez, vous, messieurs, de comparaître devant des tribunaux de femmes parce que vous auriez disposé de votre corps ? (…) Nous, les femmes, nous, la moitié de l’humanité, nous nous sommes mises en marche. Je crois que nous n’accepterons plus que se perpétue cette oppression. »2

Pour Gisèle Halimi, « Ce procès devait être surtout l’affirmation de la liberté de la femme, l’affirmation de son droit à disposer d’elle-même et l’affirmation de son droit à la contraception et à l’avortement. » Il le fut.

Une militante pour l’autodétermination des peuples, de la cause palestinienne

Combattante anticolonialiste, Gisèle Halimi a milité pour l’autodétermination des peuples. Dénonçant la torture, elle a défendu, en 1961, les militantes et militants de l’indépendance algérienne du M.N.A puis du F.N.L, comme Djemila Boupacha, torturée et violée par les militaires français3. Elle sera sollicitée lors des procès politique en Espagne, en Grèce, au Maroc. Elle présidera la Commission d’enquête contre les crimes de guerres américains au Vietnam. En 2003, elle défend Marwan Barghouti, dirigeant du Fatah en Cisjordanie, toujours emprisonné.

En septembre 2014, au lendemain de l’offensive israélienne contre la population palestinienne de Gaza,elle participe à la session spéciale du tribunal Russell pour la Palestine, qui conclut que cette offensive est constitutive d’incitation au génocide et de crimes contre l’humanité. A cette occasion, elle déclara : « Un peuple aux mains nues, le peuple palestinien, est en train de se faire massacrer. Pourquoi ? Quelle cause défend ce peuple et que lui oppose-t-on ? J’affirme que cette cause est juste et sera reconnue comme telle dans l’histoire. Aujourd’hui règne un silence complice, en France, pays des droits de l’homme et dans tout un occident américanisé. Je ne veux pas me taire. Je ne veux pas me résigner. Le monde n’a-t-il pas espéré que la Shoah marquerait la fin définitive de la barbarie ? »4

L’injustice lui était physiquement intolérable. Gisèle Halimi était de tous les combats.

Bruxelles, 02/08/2020

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1. Choisir la cause des femmes, en abrégé Choisir ou La Cause des femmes est un mouvement de lutte pour la dépénalisation de l’avortement a été créé peu après la publication du Manifeste des 343.
2. Gisèle Halimi Plaidoirie au procès de Bobigny 1972; pp 130-132. Les Cahiers du CERMTRI – N° 173-174 : Emancipation des femmes et révolution. deuxième partie Conquête de droits et lutte pour le socialisme.
3. Voir le livre Djamila Boupacha cosigné avec Simone de Beauvoir en 1962. Témoignage accablant contre le colonialisme, la torture et la raison d’État.
4. Cité dans : Hommage aux engagements anti-colonialistes de Gisèle Halimi sur le site Mille Babords