Déclaration de l’AILP à l’occasion du 100e anniversaire de l’OIT


Association Internationale de la Libre Pensée (AILP/IAFT)

à l’occasion du Centième anniversaire de l’OIT

Intervention de Michel Godicheau

Madame, Monsieur le Président

Mesdames et Messieurs les délégués,

L’Association internationale de la Libre Pensée, attachée à la concorde civile, ne peut que saluer les 100 ans d’existence d’une structure internationale inédite où les syndicats, les Etats et les organisations patronales se réunissent pour établir des règles sociales de progrès.

Le préambule de la Constitution de l’O.I.T affirme :

« Attendu aussi que la non-adoption par une nation quelconque d’un régime de travail réellement humain fait obstacle aux efforts des autres nations désireuses d’améliorer le sort des travailleurs dans leurs propres pays »

La délégation de l’Association Internationale de la Libre Pensée à la Conférence Internationale du Travail tient à rappeler son attachement à ces objectifs.

Comme le rappelait Marc Blondel, Secrétaire général de Force Ouvrière, Administrateur du Bureau International du travail, puis Président de la Fédération nationale de la Libre Pensée et initiateur de notre organisation internationale : « Le mouvement syndical international trouve son expression à l’OIT qui a été constituée en 1919 au lendemain de la guerre 1914, sous la pression internationale des travailleurs et la peur de la généralisation de la Révolution d’octobre [voir communiqué des Amis des monuments de Gentioux et de La Courtine], comme décision découlant du Traité de Versailles. Dès le début, la forme a été tripartite, gouvernements, représentants des organisations d’employeurs et représentant des organisations syndicales des travailleurs. Cette forme de structuration partait donc d’un principe reconnaissant les intérêts différents des trois composantes. C’est ce que l’on appelle gérer les conflits d’intérêts, produits de la lutte des classes. C’est dire si la nature même de l’OIT, puis du BIT, était à cent lieues de la Doctrine sociale de l’Eglise catholique et de son « bien commun » débouchant sur la collaboration de classe. »

Aussi, le BIT n’a pas vocation d’ouvrir un dialogue institutionnel avec les religions, afin de les faire entrer dans le dialogue tripartite établi.

Indépendamment des références politiques, philosophiques ou religieuses, la classe ouvrière se constitue sur la base de ses propres intérêts, dans le cadre national de ses propres organisations. Ces organisations syndicales sont les seules habilitées à représenter leurs mandants.



De façon plus générale, dans un monde où les migrations sont de plus de plus importantes, la protection des travailleurs nécessite que leur liberté de conscience et leur droit à se syndiquer soient préservés. Ils ne peuvent être discriminés au regard d’une foi religieuse, de leur athéisme ou de leur agnosticisme. Le taux de chômage des travailleurs immigrés est plus de deux fois plus élevé que le taux de chômage des non-immigrés dans des pays comme l’Autriche, la Belgique, le Danemark, les Pays-Bas, la Norvège et la Suède, on ne peut que faire le rapprochement.

  • Dans un contexte de chômage et de développement du travail informel, c’est-à-dire de précarité, les questions religieuses, spirituelles ou philosophiques ne sauraient devenir un prétexte à l’embauche ou au licenciement.

  • Cela est particulièrement vrai quand, comme en matière de santé ou d’éducation, en Allemagne ou en France, par exemple, les gouvernements confient à des organisations religieuses des pans entiers des services public

Pour ce faire, le respect des normes de l’OIT comme la Convention (n° 87) sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical doivent rester la loi commune, être appliquées et respectées. La Convention 87 prévoit : « Les travailleurs et les employeurs, sans distinction d’aucune sorte, ont le droit, sans autorisation préalable, de constituer des organisations de leur choix, ainsi que celui de s’affilier à ces organisations, à la seule condition de se conformer aux statuts de ces dernières »
C’est dans cet esprit que nous saluons tous les délégués de cette conférence et le centenaire de l’OIT


Progrès social, instruction, éradication de la pauvreté, émancipation des travailleurs, protection des femmes, de l’enfance, développement de la culture, garantie de la liberté d’expression et de conscience sont autant de thèmes où notre association se reconnaît.

Je vous remercie

Michel Godicheau
Genève, le 8 juin 2019