Etats-Unis : triomphe du cléricalisme, de l’obscurantisme contre le droit des femmes !


« Ceux qui sont contre l’avortement, sont ceux-là

Dessin de Claire Cordel

même qui sont pour la peine de mort. »

Guy Bedos

La Cour suprême des Etats-Unis décrète que les femmes n’ont pas le contrôle de leur corps !

Sous l’influence du lobby religieux, les atteintes aux libertés individuelles et l’obscurantisme s’installent durablement aux Etats-Unis. Le droit à l’avortement n’est plus protégé constitutionnellement aux États-Unis. Ce droit dépend désormais de la seule décision des États fédérés. Cette remise en cause de ce droit constitutionnel reconnu aux femmes par la Cour suprême des États-Unis – phagocytée par les séides de la réaction – fait suite à celles des gouvernements polonais, hongrois.

Les ayatollahs ne sévissent pas qu’à Kaboul, Ryad… !

Après avoir décidé de ne pas suspendre, donc de maintenir une législation permettant la condamnation des personnels médicaux pratiquant l’avortement dans l’État du Texas, la Cour suprême des États-Unis, alors que rien ne l’y obligeait, vient de renverser, ce 24 juin 2022, sa jurisprudence historique1 qui protégeait constitutionnellement le droit à l’avortement sur l’ensemble de l’Union. Elle laisse ainsi à chaque État fédéré la liberté de légiférer pour limiter ou interdire le droit à l’avortement.

Dès l’annonce de la Cour suprême, des lois déjà votées interdisant l’avortement – mais antérieurement inapplicables à cause de la jurisprudence – sont entrées en vigueur du jour au lendemain dans plusieurs États fédérés. Cette décision va permettre à des dizaines d’États de l’Union de mener joyeusement leur campagne réactionnaire contre les femmes.

Pour justifier leur décision, les neuf sages (sic!) falsifiant l’histoire et les principes de la « common law », soutiennent que l’avortement ne serait pas « profondément ancré dans l’histoire et les traditions de la nation » et que « La Constitution ne fait pas référence à l’avortement, et qu’aucun droit de cette nature n’est implicitement protégé par une disposition constitutionnelle, y compris celle de la clause d’application régulière de la loi instituée par le quatorzième amendement sur laquelle les défenseurs des décisions Roe et Casey s’appuient. »

Ainsi, selon la Cour, ce seraient aux mœurs, aux usages, aux traditions, de dicter les lois, le droit ! A ce compte, les adeptes du KKK, de l’excision, de l’esclavagisme, du port d’armes, de la peine de mort… ont un avenir radieux devant eux ! Cet argument est un vrai test pour s’en prendre à d’autres droits. Rien dans le futur, n’empêchera une juridiction de s’appuyer sur ce genre de raisonnement, pour revenir sur la contraception, le mariage gay (arrêts Obergefell ou Lawrence)… 

Ainsi, la première puissance du monde – qui fait partie du club des 53 pays appliquant la peine de mort – rejoint les États ou pseudo-États qui interdisent l’avortement ou en limitent l’accès : Égypte, Sénégal, Gabon, Madagascar, Mauritanie, Suriname, Nicaragua, Salvador, Côte d’Ivoire, Libye, Ouganda, Soudan du Sud, Irak, Liban, Syrie, Afghanistan, Arabie Saoudite, Yémen, Bangladesh, Birmanie, Sri Lanka, Philippines, Laos, Guatemala, Paraguay, Venezuela, Pologne, Malte, Andorre et le Vatican.

Face aux réactionnaires, aux obscurantistes qui prétendent régenter la vie des femmes, le Cercle de Libre Pensée – Kring voor het Vrije Denken (CLP-KVD) dénonce cet arrêt comme une nouvelle croisade menée contre la liberté de conscience des femmes. Arrêt derrière lequel se retrouvent la hiérarchie catholique à son plus haut niveau (le Vatican), les églises évangéliques, ainsi que les organisations « pro vie ».

Le CLP-KVD rappelle que le droit fondamental des femmes à disposer de leurs corps et de leurs droits reproductifs doit être reconnu comme un droit universel, quelles que soient les convictions, les idéologies de chacun.

Le CLP-KVD apportera sa contribution à celles et à ceux qui mènent le combat pour le rétablissement du droit à l’avortement sur tout le territoire des États-Unis et à toutes les femmes qui, dans le monde, sont privées de leurs droits fondamentaux.

Bruxelles, ce 30 juin 2022

1. En 1973, la Cour suprême des États-Unis reconnaît dans son arrêt emblématique Roe v. Wade un droit des femmes à avorter. En 1992, elle précise que les femmes peuvent décider d’interrompre leur grossesse tant que le fœtus n’est pas viable, ce qui est généralement compris autour de la 24e semaine.