Propos virtuels pour un banquet virtuel


Chers camarades libres penseurs,
Chers amis laïques,

En ces temps de restrictions des libertés, contraints et forcés, nous ne pourrons tenir notre banquet traditionnel du vendredi dit « saint » prévu habituellement début avril qui nous permettait de festoyer entre camarades et ami.e.s et de montrer la solidarité fraternelle qui nous unit.

Les banquets tenus par la Libre Pensée sont l’occasion de célébrer la liberté absolue de conscience. Ils sont placés sous la marque du refus des interdits de toutes sortes, notamment religieux et ce n’est pas ce qui manque en ce bas monde. Aujourd’hui, les interdits prolifèrent à nouveau .

Le pouvoir abusif des Églises en matière alimentaires mais surtout en matière de mœurs (concubinage, divorce, homosexualité, contraception, avortement…) est inacceptable tout comme il l’est à l’École publique ou dans les institutions qui relèvent de la sphère publique. C’est la question du cléricalisme que nous dénonçons et combattons.

Pour le CLP-KVD, le combat mené contre l’emprise du cléricalisme sur la vie publique, pour refouler définitivement les religions dans la sphère privée n’est pas terminé. La séparation effective des Églises et de l’État et celle des Églises de l’École publique n’est toujours pas effective.

Les bien-pensants rient de nous, nous traitant de ringards, de laïcards. Pour ces gens-là nous n’avons toujours pas compris que les religions ont évolué, nous n’avons pas intégré la laïcité positive, ouverte, que sais-je encore… Malheureusement l’Histoire nous donne raison, le parti clérical est toujours puissant et néfaste en Belgique ou ailleurs. C’est le parti clérical, qui soutient les « élites économiques et politiques » c’est ainsi qu’ils aiment qualifier les capitalistes et leurs mandataires. C’est en quelque sorte l’alliance de ceux qui veulent qu’on mange léger le vendredi « saint » avec ceux qui veulent qu’on se serre la ceinture toute l’année.

Si la sécularisation de la société (à ne pas confondre avec la laïcité) est devenu un fait majeur, les prétentions des Églises à régenter les corps et les consciences n’ont jamais cessé. Elles s’exercent toujours et s’amplifient, remettant en cause les fragiles acquis existants dans quelques pays. En attestent, à titre d’exemples : les tentatives pour museler la liberté d’expression sous prétexte de « blasphème » ; l’offensive des clergés menée  contre le droit des femmes à disposer de leur corps ; les tentatives, au nom d’une laïcité frelatée, d’interdire aux usagers des services publics d’exprimer leurs opinions…

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Mais pour la Libre Pensée, le combat ne se cantonne pas au seul combat de la laïcité institutionnelle. Elle refuse toute exploitation économique et toute oppression politique qui, comme l’oppression religieuse, ne visent qu’à assujettir l’individu au détriment de ses droits légitimes. Nous assistons aujourd’hui à une nouvelle offensive destructrice contre les acquis démocratiques et sociaux visant à restreindre les libertés publiques et à assujettir comme dans le passé l’ouvrier, l’employé à son patron.

La Ligue des Droits Humains et la Liga voor Mensenrechten ont publié le 21 février 2021 un communiqué avec lequel on ne peut être que d’accord :

[…] La LDH et la Liga estiment qu’il est de leur devoir, en tant qu’associations de défense des droits fondamentaux et libertés, d’introduire une action contre l’Etat belge devant le tribunal de première instance francophone de Bruxelles siégeant en référé, statuant donc dans la sphère limitée du provisoire.

Selon les avocates des deux associations, Me Audrey Despontin et Me Audrey Lackner, l’action intentée repose sur un simple constat : « Les arrêtés ministériels successifs pris par le seul Ministre de l’Intérieur posent de nombreuses questions de légalité, notamment en ce qu’ils se fondent sur des bases légales inadéquates et sont systématiquement soustraits à la consultation de la section de législation du Conseil d’Etat sous prétexte d’urgence ». Or, cette posture n’est plus crédible, d’autant que l’absence de levée des mesures est quant à elle annoncée des semaines à l’avance, quand elles ne sont pas prolongées en catimini sans annonce ni justification sérieuse. « En outre, précisent-elles, ces arrêtés ont créé, depuis un an, de nouvelles infractions et de nouvelles sanctions – en ce compris des peines d’emprisonnement – sans qu’aucun débat parlementaire n’ait eu lieu. Or, les droits et libertés des citoyen·ne·s qui sont garantis par la Constitution mais aussi par la Convention européenne des droits de l’Homme ne peuvent être restreints sur simple décision du Ministre de l’Intérieur ». Des violations majeures des principes de légalité et d’interprétation en matière pénale sont ainsi constatées. Elles ajoutent : « A ce sujet, il est particulièrement étonnant que le Parlement n’ait pas souhaité se saisir pleinement de la question, en faisant usage des pouvoirs qui sont les siens, et ce compte tenu de l’importance de ce débat pour les citoyen·ne·s mais également pour l’Etat de droit. La LDH a parfaitement compris l’importance éthique de cette question ».

Les mesures adoptées portent gravement atteintes à nos droits et à nos libertés, sous peine de sanctions pénales, appliquées en l’état de manière hétérogène par les différents tribunaux du pays. Il est fondamental que l’Etat belge respecte les règles constitutionnelles ou légales. Ceci vaut tant pour la manière dont les mesures sont adoptées par le pouvoir exécutif que par l’abstention de légiférer selon les formes prescrites.

Face à la persévérance dans le temps de ces atteintes à nos libertés, la LDH et la Liga sont contraintes de se tourner vers le pouvoir judiciaire, compétent pour contrôler la légalité des actes et se prononcer sur l’illicéité des mesures actuellement en vigueur après presqu’une année de gestion de la crise sanitaire. »

La Réaction au pouvoir tente de faire tourner à l’envers la roue de l’Histoire, mais pas plus sur la laïcité que sur les libertés publiques et les conquêtes sociales, elle n’arrivera à extirper de la conscience des masses la volonté d’émancipation qui anime celles-ci.

Le Cercle de Libre Pensée – Kring voor het Vrije Denken adresse ses plus profondes pensées de solidarité
à tous les libres penseurs.ses ainsi qu’à l’ensemble des militant.es de la laïcité de ce pays.
Levons nos verres et buvons au renforcement de la Libre Pensée!

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Aujourd’hui, après le confinement le couvre-feu est devenu la règle. Nous sommes toutes et tous en quasi résidence surveillée. Et chacun de nous de s’interroger : qui est responsable, que faut-il faire dans la situation ?

En 1720, Daniel Defoe, l’auteur de « Robinson Crusoë », écrit le « Journal de l’année de la peste », passionnante description romancée du fléau qui dévasta Londres en 1665. Prémonitoire.

Extraits : « Ce fut une grande inadvertance qu’une cité aussi importante n’eût qu’un seul hôpital pour les pestiférés, celui qui se trouvait au delà de Bunhill Fields et qui ne pouvait recevoir, au mieux, que deux à trois cents personnes. Y eût-il eu, au lieu de cet unique établissement, plusieurs hôpitaux, capables de recevoir chacun plusieurs milliers de malades [], toutes ces mesures eussent-elles été prises, je suis persuadé que plusieurs milliers de gens ne seraient pas morts. »

« Jamais, sûrement, cité de cette grandeur et de cette importance ne fut surprise dans un tel état d’impréparation à pareille épreuve, qu’il s’agisse de mesures civiles ou religieuses. C’était, en vérité, comme si l’on avait eu aucun avertissement, que l’on ne se fût attendu à rien, que l’on eût rien eu à craindre, de sorte que l’on se trouva vraiment devant un minimum de mesures publiquement prises.

J’ai souvent réfléchi à l’état d’impréparation où se trouvait la grande masse du peuple au moment où cette calamité tomba sur lui et combien ce fut le défaut de mesures et de dispositions prises en temps utile qui fut cause de toute la confusion qui suivit. Ce fut la raison du nombre prodigieux des gens qui succombèrent dans ce désastre, alors que cela eût pu être évité, la Providence aidant, si les mesures convenables avaient été prises ; et la postérité pourra, si elle le trouve bon, en tirer l’avertissement ainsi donné. »

Cela, c’était hier. L’avertissement a-t-il été entendu ?

Voici ce qu’on dit le collectif La Santé en Lutte qui constate les contradictions du discours du gouvernement qui rend hommage aux blouses blanches, (en les faisant applaudir, ce qui ne mange pas de pain) alors qu’il se refuse à rétablir les lits supprimés depuis des années nécessaires à la prise en charge de tous les patients (ceux atteints du Covid-19 et les autres), à recruter des personnels qualifiés, de doter tous les personnels hospitaliers des moyens matériels indispensables à leur protection (masques FFP2, solutions hydroalcooliques, gants…), à revaloriser leurs salaires… Se refuser à le faire, n’est-ce pas espérer que la population accepte l’inacceptable, à savoir préparer la population à la « priorisation » dans l’accès aux soins : en clair, qui sera soigné et qui ne le sera pas. N’en sommes-nous pas là ?

Ni dieu, ni maître!
A bas la calotte et vive la Sociale!
Rejoignez la libre Pensée!