Argentine : Es legal !


ES LEGAL !

9 août 2018, à cinq voix près, le projet de loi de légalisation de l’IVG était repoussé. « Sera ley ! » (« ce sera légal »), avaient scandé les manifestantes. Ce 30 décembre 2020, la loi est finalement votée dans ce pays, pays d’origine du pape (1) où le poids de l’Église catholique, principal appareil idéologique des dictatures militaires argentines, est toujours déterminant (2). La légalisation de l’IVG est une victoire historique pour le droit des femmes à disposer librement de leurs corps.

La loi, qui datait de 1921, dépénalisait l’avortement dans deux situations : en cas de viol et en cas de danger pour la santé ou la vie de la femme enceinte. Le recours à une « interruption légale de grossesse » (ILG), à différencier de l’interruption volontaire, (l’IVG) y était pratiquement impossible.

L’IVG devient légale… mais reste encore sous étroite surveillance.

L’IVG est autorisée durant les 14 premières semaines de grossesse mais la nouvelle loi prévoit outre des peines de prison (de 3 mois à 1 an de prison) pour les femmes qui avorteraient après le délai légal, une clause de conscience permettant au personnel médical de refuser de pratiquer un avortement. Ce dernier point, concession à l’Eglise catholique et aux évangélistes, est une porte ouverte pour restreindre la mise en place de l’IVG.

Cette victoire pourrait en appeler d’autres pour les droits des femmes mais aussi pour la stricte séparation de l’Église et de l’État, en Argentine.

Au-delà de l’Argentine, cette victoire ne peut que nous encourager dans notre combat, pour le droit des femmes à disposer librement de leur corps, pour exiger la liberté du choix de la maternité, le droit à l’IVG, à la contraception…

Exiger l’émancipation des femmes, c’est lutter
pour l’émancipation du genre humain!

Le Cercle de Libre Pensée-Kring voor het Vrije Denken (CLP-KVD) défend l’égalité en droit des hommes et des femmes, le droit de tous les êtres humains à disposer de leur corps. Il condamne toute discrimination entre les êtres humains. Cette égalité en droit suppose l’émancipation sociale, économique, culturelle de toutes et de tous. On ne peut pas défendre l’égalité en droit et les droits des femmes sans lutter contre toutes les formes d’oppression dont la plus forte d’entre-elles : l’oppression économique, sans exiger la stricte Séparation des Eglises et des Etats partout dans le monde.

Bruxelles, jeudi 31 décembre 2020

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(1) Alors que l’Argentine débattait de la légalisation de l’IVG, il a repris une comparaison déjà utilisée à plusieurs reprises : en comparant le recours à l’avortement comme celui à un « tueur à gages », l’avortement à un eugénisme « en gants blancs« . « J’ai entendu dire qu’il est à la mode, ou au moins habituel, de faire au cours des premiers mois de grossesse des examens pour voir si l’enfant ne va pas bien ou s’il naîtra avec quelque chose [un problème], le premier choix étant de s’en débarrasser« . Et d’ajouter : « Au siècle dernier, tout le monde était scandalisé par ce que faisaient les nazis pour veiller à la pureté de la race. Aujourd’hui nous faisons la même chose« .

(2) Ángel jorge clavero «  le vatican a toujours considéré l’argentine comme un état de référence  » Charlie Hebdo, 17 novembre 2017.