Le grand bazar de l’irrationnel


 

On aurait pu croire voici trente ou quarante ans que l’évidence des succès des sciences et des techniques allait continuer de valoriser celles-ci et que la démocratisation de la connaissance et de l’éducation allait détruire les croyances irrationnelles comme l’astrologie, les fantômes ou encore les superstitions religieuses anciennes comme les croyances aux anges, au diable, à l’enfer, au paradis, au Dieu de la Bible.

Aujourd’hui pourtant 63 % des Américains de 18 à 29 ans croient aux démons, 32 % de l’ensemble des Américains à l’existence de fantômes, 25 % à l’astrologie… L’Europe n’est pas en reste. 10 % des Français pensent que la Terre est plate, 10 % que les Américains ne sont jamais allés sur la lune, 46 % que le caractère s’explique par le signe astrologique. Rien n’indique une décroissance de ces chiffres. C’est très souvent le contraire qui est observé.

Même si chacun bénéficie quotidiennement de milliers d’avantages qu’elle procure, la science est bien souvent considérée comme un système de croyances parmi d’autres. La nature, elle, est divinisée, sans plus voir pourquoi l’homme a voulu la dompter. Les conséquences de ces rejets peuvent être graves : l’opposition aux vaccins grandit sans cesse, sans qu’on apporte la moindre base scientifique à cette méfiance. Ainsi 55 % des Français approuvent la proposition : « Le ministère de la Santé est de mèche avec l’industrie pharmaceutique pour cacher au grand public la réalité de leur nocivité » !

S’il est vain de penser que l’opposition aux sciences vient des nostalgiques de l’âge préindustriel, une partie des soutiens habituels du progrès et des Lumières en sont venus à les dénoncer. Le post-modernisme a fait son œuvre. Ceux qui dénigrent les sciences ou ceux qui croient en des phénomènes irrationnels ne sont pourtant ni fous ni stupides. Le but du colloque « Le grand bazar de l’irrationnel » est de comprendre les mécanismes qui permettent ou facilitent ces phénomènes d’irrationalité, d’examiner le contexte et les conséquences sociales et politiques du phénomène et d’envisager les moyens de lutter contre ces tendances.

Au plaisir de vous y croiser,

Johannès Robyn,

Président de l’ABA