« Le cadavre était à terre, mais l’idée était toujours debout »


Le 18 mars 1871 débute un soulèvement appelé « la Commune de Paris ». Chacun connaît la part prise par les libres penseurs. Cette révolution prolétarienne, la plus authentique, avant celle de 1917, a marqué le mouvement ouvrier par ses idées, par ses réalisations. En moins de 3 mois, ces femmes et hommes révolutionnaires de toutes tendances, essentiellement des ouvriers, des artisans, des petits commerçants, des écrivains et artistes, fervents défenseurs de l’égalité et de la liberté, mirent au point un programme, qui devait changer la face du monde. La Commune de Paris, acte historique, devient une référence dans la conscience ouvrière et ouvre la voie à d’autres peuples dans leur combat pour leur pleine émancipation. 

La Commune, proclamée le 28 mars 1871, opta pour le drapeau rouge, le calendrier révolutionnaire et engagea de profondes réformes sociales dès le 2 avril :

– séparation des Eglises et de l’État par la suppression du budget des cultes et la non-reconnaissance de ceux-ci ;
– école laïque, gratuite, obligatoire, rationaliste qui combat le dogmatisme et l’obscurantisme ;
– enseignement technique y compris pour les filles ;
– laïcité des hôpitaux publics ;
– remplacement de l’armée par la garde nationale, c’est à dire le peuple en armes ;
– égalité entre les enfants « naturels » et « légitimes » ;
– égalité des rémunérations entre les hommes et les femmes ;
– mandat impératif et révocable à tout moment des délégués élus ;
– réquisition des logements pour les sans-logis;
– reconnaissance de l’union libre ;
– droit au divorce pour les femmes ;
– mesures sociales protégeant les salariés, les locataires ;
– abrogation de toutes les lois restrictives, répressives et fiscales contre le droit d’écrire, de parler, de se réunir et de s’associer ;
– droit de vote des étrangers ;
– etc.

La laïcité institutionnelle de l’État, la laïcité de l’Ecole publique resteront désormais étroitement liées à la liberté absolue de conscience et au combat pour l’émancipation de la classe ouvrière.

Le 21 mai 1871, la Commune de Paris prit fin au Père Lachaise, par l’une des répressions les plus féroces de l’histoire. 30 000 Communard-e-s furent fusillé-e-s sur place lors de la Semaine Sanglante, 4 500 déporté-e-s vers des bagnes, 37 000 arrêté-e-s.

Aujourd’hui comme hier, le Capital et les Eglises veulent faire tourner la roue de l’histoire à l’envers. Ce sont toutes les conquêtes démocratiques et sociales qui sont menacées de destruction au nom des intérêts du patronat et de l’Église catholique. Des projets de lois comme ceux de Maggie De Block contre la Sécurité sociale et l’Hôpital public, ceux de K. Peeters, D. Bacquelaine contre le droit du travail et les pensions, en passant par la remise en cause croissante, sous la houlette de Mme Schyns, de l’instruction publique, de la liberté de conscience et l’offensive de J. Jambon contre les libertés publiques, ce gouvernement, comme tous les gouvernements de ces dernières années, n’est que réaction et cléricalisme.

C’est contre cela que les Communards s’étaient levés et s’étaient lancés à l’assaut du ciel pour se libérer du triple joug : économique, religieux et militaire. Ce pourquoi, la portée universelle de la Commune est systématiquement occultée par la bourgeoisie et l’Église catholique.

Écrasée mais non vaincue, la Commune de Paris a diffusé ses principes d’Humanité à travers les continents et les époques.

Les Libres penseurs étaient avec la Commune, dans la Commune, pour la Commune. Ils y plongent des racines. Être fidèle au combat des Communards, c’est être fidèle à leurs engagements, c’est perpétuer leur existence.

En 1880 fut votée la loi d’amnistie des Communards. Les proscrits rentrèrent et se jetèrent à nouveau dans la mêlée pour la laïcité institutionnelle, pour la démocratie, pour la république et pour l’émancipation du prolétariat. Comme l’avait dit Victor Hugo « Le cadavre était à terre, mais l’idée était toujours debout« . C’est toujours d’actualité.